

A partir du XVIème et XVIIème siècle, les premières références à un vin pâle et frais apparaissent en Provence, avec comme explication, une macération de quelques heures seulement. Mais c’est au XIXème que les techniques de fabrication stricte du rosé sont inscrites dans « La culture de la vigne et vinification » de Jules Guyot à la demande de Napoléon III. Le rosé est défini comme un vin ayant macéré 24 à 48 heures dans une cuve, puis ayant été filtré ensuite, arrêtant la coloration du jus. A la fin du XIXème siècle, c’est Pasteur lui-même qui fera une étude sur les vins dans laquelle il nommera les rosés « à la façon Tavel », faisant de cette appellation l’ancêtre des rosés.
Associé à la mer Méditerranée, au soleil, aux Calanques et aux vacances en général, le vin rosé a vu son image évoluer : certains sont désormais de véritables institutions et promettent de belles dégustations. Le terroir qui compose les sols colorés de Provence est riche en oligo-éléments grâce aux différentes pierres argilo-calcaires, aux sables limoneux et aux graviers. En Provence le rosé est roi : 90% de la production totale lui est dédiée. Parmi les appellations les plus connues, il y a, bien entendu, le rosé de Bandol, de Tavel, du Château d’Esclans, ou encore des Côtes-de-Provence ou de Pesquié. Les cépages sont nombreux, Grenache, Cinsault, Pinot Noir, Syrah, mais également des cépages moins répandus, si ce n’est en Provence, comme le Tibouren.
Ces cépages étant tous noirs, ils regroupent – en droit suisse – les rouges et les vins rosés. En effet, le mélange rouge/blanc afin d’obtenir un rosé n’est, comme chacun sait, pas la méthode utilisée (sauf pour les Champagnes rosés !). Un vin rosé est obtenu après une plus ou moins longue macération de l’intérieur des grappes (clair) avec la peau (foncée). S’il n’y a pas de contact entre la peau et la chair, le résultat sera un « Blanc de Noir » ; quelques heures de mélange donneront un rosé ; plusieurs jours et les rouges apparaîtront.
Il y a trois types de rosés :
1) Le rosé de macération, issu de 24 heures de cuvaison avant fermentation.
2) Le rosé de pressurage, où l’on presse directement les grappes entières. Le jus est ensuite mis à fermenter dans une cuve. Le résultat est un vin à la robe fort claire, saumon pâle, presque transparente.
3) Le rosé de saignée, obtenu après une très courte durée de macération, ce qui donne une robe d’un rose plus soutenu.
Le rosé a longtemps été associé à un vin standardisé, sans complexité ni capacité de garde. Or, les choses ont changé et c’est aujourd’hui l’occasion de passer un merveilleux moment sur une terrasse avec des amis, mais avec un vin de qualité offrant à la fois fraîcheur et expérience gustative. D’ailleurs l’Observatoire suisse du marché des vins donne des chiffres en hausse depuis plusieurs années concernant les rosés. En 2018, 4,3 millions de litres ont été vendus en Suisse.
Parfois acidulés, aux arômes floraux de tilleul ou fruités de pamplemousse, d’orange, de framboise, chaque rosé a son caractère propre et tous sont à découvrir. Certains en compagnie d’un poisson, d’un tian d’aubergines, d’une salade ou de légumes grillés, ou enfin à l’apéritif, après une chaude journée d’été, quand, enfin, l’on se prélasse à l’ombre d’un jardin ou à la terrasse d’un restaurant.